Découvrez l’historique des fêtes célébrées à Barbentane : la Saint Joseph, en mars, et la Saint-Jean, les 23 et 24 juin.
Fête de la Saint Joseph
Cette fête est organisée par l’assocation Les Amis de Saint-Joseph. Elle a lieu le jour ou le week-end précédent la Saint Joseph.
Fête de la Saint Jean
Origine de la fête de la Saint Jean :
La première paroisse de Barbentane existait sous le vocable de Saint-Jean-de-Vennocs (nom très ancien qui fait référence au vent). Au fil du temps elle est devenue Saint-Jean-de-Vénasque, pour finir en Saint-Jean Baptiste.
Cette paroisse, disparue depuis, était située en leiu et place du cloître de l’Observance, en bas du village.
Son patronyme est resté et c’est pour cela que nous fêtons toujours Saint-Jean Baptiste comme le protecteur du village (les paysans plaçaient leur culture sous la protection de Saint Jean Baptiste).
Depuis 1466, le 24 juin est dédié aux célébrations en l’honneur de son saint patron, St Jean Baptiste (prophète qui a annoncé la venue de Jésus, et qui l’a baptisé).
Dans des ouvrages datant de 1796, on retrouve des écrits relatant de cette tradition bien ancrée dans les mœurs.
Près de cent ans plus tard, du fond de sa cellule, un prisonnier de guerre nostalgique de son village, pensait à faire réaliser une bannière en l’honneur de St Jean Baptiste.
C’est ce qu’il fit dès son retour au village en 1878. Cette bannière est encore utilisée aujourd’hui.
Bannière restaurée en 2021.
Les premières charrettes ramées (Carreto Ramado) n’apparaissent avec certitude qu’à la fin du XVIIIe siècle. Associées à une certaine prospérité économique rurale, elles prennent de l’ampleur au XIXe siècle.
Vers le milieu de ce siècle, grâce à l’arrivée de l’irrigation, puis du chemin de fer, une nouvelle catégorie d’agriculteurs prend son essor : les maraîchers.
Ils créent leurs propres charrettes sous le patronage de Saint Roch ou de Marie-Madeleine.
A Barbentane, après que des carreto ramado aient défilé en l’honneur de St Eloi pendant l’entre-deux guerres, c’est l’association « Saint Jean » qui recréera une charrette dédiée à Saint Jean Baptiste.
Cette association cessant son activité soudainement, un groupe de Barbentanais bien inspirés, décide de recréer en 1983 une confrérie cette fois-ci baptisée « Confrérie des Amis de Saint Jean ».
Cette année, sera donc l’occasion de fêter le quarantième anniversaire de la confrérie.
La confrérie des amis de Saint Jean membre de la fédération Alpilles Durance
La Fédération Alpilles Durance a été créée en 1970, pour redonner de l’élan aux défilés de charrettes, mis à mal avec l’avènement des tracteurs.
Elle regroupe 15 sociétés (Saint Eloi, Saint Roch et Saint Jean) de 14 villages.
La société de Saint Jean de Barbentane en fait partie sous l’égide : association loi 1901.
Les « Carreto Ramado »
Les Carreto ramado (charrettes ramées) sont des charrettes anciennes décorées de verdure, de feuillage, de fleurs, ou de fruits et de légumes selon le village, tractées par un nombre important de chevaux de trait attelés en flèche (jusqu’à une soixantaine pour certaines)
Quelques chevaux placés en tête de l’attelée sont harnachés “à la mode sarrasine”, c’est-à-dire dont le collier et la bride sont richement décorés de plumes, pompons, rubans multicolores, petits miroirs, clochettes et grelots.
Les chevaux suivants arborent fièrement leurs « colliers et harnais cuivrés », harnachement d’apparat en cuir ornés de bouclerie et décoration en cuivre.
Un « rava », peau de mouton couvre les épaules du cheval, tandis qu’un « tapis » souvent brodé aux initiales de son propriétaire, de l’emblème du village et/ou de la confrérie à laquelle il est dédié et complété par un filet ouvragé couvrent le dos du cheval.
Chaque cheval est tenu par un charretier, membre de la confrérie, qui est traditionnellement vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon bleu. Une « taillole » de couleur différente selon le village (rouge et jaune pour Barbentane) complète la tenue.
De mi-mai à début septembre, elles sont lancées, au pas ou au galop, dans les rues des villages provençaux entre les Alpilles, le Rhône et la Durance.
La Fête de Saint Jean à Barbentane
La carreto ramado de Saint Jean est garnie principalement de rames d’ormeaux.
Les roues sont habillées de genets.
Des glaïeuls rouges et jaunes (couleur de la Provence) et de petits bouquets de blé ornent l’avant de la charrette.
Dès le 23 juin au soir la charrette défile dans le village pour un premier « passo carriero ».
Un feu est allumé (symbole de purification) sur le parvis de l’église du village en l’honneur du changement saisonnier et du solstice d’été (jour le plus long de l’année).
Puis vient le grand jour, le 24 juin
Après la messe des charretiers servie en extérieur dès 7h30 suivie d’un copieux déjeuner offert par la confrérie, débute alors le défilé des chevaux de trait Breton, Comtois, Percheron…, au pas, à travers le village jusqu’à l’église afin de recevoir la bénédiction religieuse. Bénédiction indispensable avant d’entamer la course de la charrette autour du rond-point St Joseph en bas du village avec un attelage réduit à une douzaine de chevaux.
3 tours de rond-point plus tard, hommes et bêtes éreintés ont bien mérité un apéritif provençal pour les uns, une bonne ration de foin pour les autres ! A noter que l’on s’occupe en premier lieu des chevaux avant de s’occuper de soi même !
……Barbentane [sic] le 22 février 1825
Le maire de la commune de Barbentane, Chevalier de l’Ordre Royal en Militaire de Saint-Louis,
A Monsieur le conseiller d’état, préfet des Bouches-du-Rhône
Monsieur le comte(1),
D’après votre circulaire du 5 courant relative à statistique du département, j’ai pris tous les renseignements possibles sur les usages particuliers pratiqués dans cette commune à l’occasion des principales fêtes de l’année. Je vais vous les transmettre. ….Chaque ménager se fait un honneur de fournir une mule ou mulet superbement enharnaché pour trainer une charrette ornée de feuillages dans laquelle est porté la statue du Saint et quelques personnes. Cette charrette se rend à la porte de la paroisse à l’issue de la messe où M. le curé, après avoir béni tout l’équipage, commence la procession qui suit la charrette avec décence et tranquillité, mais la procession finie, commencent les folies. Cette charrette attelée de 50 ou 60 mules ou mulets court avec fracas sur toutes les places et rues de la commune même les plus scabreuses (2). Les célébrants étant persuadés que sous la sauvegarde du Saint, il ne peut leur arriver aucun malheur. L’expérience les a confirmés dans cette croyance……
(1) Monsieur le comte, sous-entendu Monsieur le comte Christophe de Villeneuve-Bargemon (1771-1829), préfet des Bouches-du-Rhône, responsable de la statistique du département qui reste son œuvre majeure.
(2) Scabreuse : il faut prendre ce mot dans son sens originel ‘qui est rude, raboteux’, et aussi à rapprocher du mot Provençal ‘escabrous’ qui veut dire ‘abrupte, rude, difficile’ chemin emprunté par les chèvres dite ‘cabre’ en Provençal (Trésor du Félibrige).
Sources bibliographiques :
Les charrettes en danger d’Evelyne Duret
Barbentane, document sur la Carreto Ramado Guy FLuchere
Mémo de J.-L. Ichartel